5 juin 1983 : le tennisman français s’impose à Paris
La veille, le samedi 4 juin 1983, le quotidien « L’Equipe » titre en une : « 50 millions de Noah ! ». Cela fait trente-sept ans que les fans de tennis attendent ça : un Français inscrivant son nom au palmarès du simple messieurs de Roland-Garros. Yannick Noah y parvient de la plus belle des façons en battant en finale le tenant du titre, le Suédois Mats Wilander.
Fan de tennis, je me dois d’être devant mon téléviseur ce jour-là pour encourager Yannick Noah, en finale à Roland-Garros, face au Suédois Mats Wilander, détenteur du titre. Et je ne suis pas la seule… Huit millions de téléspectateurs suivent la retransmission sur TF1 dans le cadre de Sports Dimanche, présenté par François Janin. Et pour la première fois, la finale est diffusée en direct aux Etats-Unis, sur NBC.
Il est vrai que le dernier Français à s’être imposé sur la terre battue parisienne est Marcel Bernard. En juillet 1946, il remporte cette levée du Grand Chelem à l’âge de 32 ans. Il domine le Tchécoslovaque Jaroslav Drobny en cinq sets.
Aux commentaires, Hervé Duthu. Seul pour une fois. Son complice Jean-Paul Loth, capitaine de l’équipe de France de coupe Davis et directeur technique national, préfère suivre le match depuis une loge au bord du court, aux côtés de Patrice Hagelauer, l’entraîneur de Yannick Noah.
L’ambiance est électrique. Près de quinze mille spectateurs ont envahi les tribunes. Le Français, vainqueur d’Ivan Lendl en quarts de finale et de Christophe Roger-Vasselin en demi, gagne le toss et choisit de recevoir.
Yannick Noah survole le premier set (6/2). Il l’emporte en trente-six minutes. Servant et volleyant à la perfection, il aligne cinq jeux consécutifs. Je me prends à croire le rêve possible.
Le central de Roland-Garros chavire pour Yannick Noah, son champion
Yannick Noah entame le deuxième sur le même rythme. Il domine techniquement et tactiquement le Suédois, qui ne parvient pas à imposer son tennis défensif. 5/3 pour le numéro un français après 1h09 ! Le central chavire. Et moi aussi…
C’est le moment que choisit le tenant du titre pour reprendre du poil de la bête. Mats Wilander débreake et égalise à 5/5. Aïe, aïe, aïe… C’est le moment que choisit aussi Hervé Duthu pour annoncer que la course du tiercé sera diffusée à la fin de ce set et non en direct. Encore une chance ! Allez, Yan !
Résultat ? Non, pas celui du tiercé, j’ai oublié ! Le Français fait à nouveau le break. Yannick Noah gagne le deuxième set 7/5. Il n’est plus qu’à un set du sacre tant attendu. Et nous ratons le début de la troisième manche. Je boue et allume la radio ! Cognac-Jay rend enfin l’antenne à Hervé Duthu au bout de dix minutes. Pas trop tôt !
Nous avons raté les deux premiers jeux. Yannick Noah est émoussé physiquement. Il perd son break d’avance. Le tennisman français est malmené sur chacun de ses jeux de service. Mais il sauve les meubles à chaque fois, grâce, notamment, à des aces et à des smashs, absolument sensationnels. Tiens bon, Yan. Tu peux le faire.
6/5, Noah, 6e mondial, prend la tête et va servir pour le gain du match. Pour devenir le 5e Français vainqueur des Internationaux de France. C’est alors que Wilander sort trois retours et un passing gagnants pour égaliser. Quelle douche froide ! Le sort du 3e set va se décider au tie break. Rien n’est perdu. Allez !
Quatre balles de match pour Noah en finale de Roland-Garros !
Il est 17h32. Yannick Noah mène 6 points à 2. Quatre balles de match. Le Suédois réalise un lob incroyable et sauve la première. Yannick Noah sert une bonne première balle. Mats Wilander la frappe comme il peut. La balle s’élève. Yannick Noah se retourne pour la voir sortir des limites du court. Il tombe à genoux. Jeu, set et match pour le Français (6/2 7/5 7/6) ! Ça y est. Quel bonheur !
Le public envahit le central. Yannick Noah sert brièvement la main de son adversaire et oublie Jacques Dorfmann, l’arbitre. Il franchit le filet à la rencontre de son père. Zacharie Noah a sauté sur le court depuis sa loge. Le père et le fils s’étreignent. Un grand moment d’émotion, vécu en direct devant des millions de témoins.
« Quand je me relève et que je me retourne, je les cherche, mon père, ma mère, tous ceux de ma famille… C’est à cet instant que papa saute. J’ai peur qu’il se fasse mal… Mais plus rien, ni personne ne l’arrête… II fonce sur moi, bras ouverts… » Yannick Noah

Mon cœur bat à 100 à l’heure. J’ai la banane. Comme 49 999 999 Français, j’ai vu de mes yeux vus la victoire d’un tennisman français à Roland-Garros. Yannick Noah a réalisé le rêve de sa vie et j’y ai assisté. Je ne l’oublierais jamais…
Comme moi, faisiez-vous partie des téléspectateurs scotchés devant un téléviseur ? Ou, encore mieux, des chanceux détenteurs d’un billet pour le central de Roland-Garros en ce jour historique ?
TROIS CHOSES A CONNAITRE SUR… Yannick Noah
- Combien de titres du Grand Chelem Yannick Noah a-t-il gagné au cours de sa carrière ?
Malheureusement, un seul. Ce premier titre du Grand Chelem à Roland-Garros en 1983 est la seule finale disputée (et remportée) par le joueur de tennis français. - Où est né Yannick Noah ?
Il est né le 18 mai 1960 à Sedan dans les Ardennes. - Qui sont les parents de Yannick Noah ?
Zacharie Noah, originaire de Yaoundé au Cameroun, a été joueur de football professionnel à Sedan où il a remporté la coupe de France en 1961. Marie-Claire Noah, née Perrier, a fondé en 1988 l’association caritative Les Enfants de la terre pour venir en aide aux enfants en danger